Sélectionner une page

Nous voici donc sur la route des parcs nationaux du nord du pays. Le méconnu, au nom pourtant si évocateur, de Grand Teton et le symbolique, le grandiose Yellowstone.

Pour info, 3 semaines avant notre arrivée, une grosse intempérie a touché Yellowstone avec de très fortes inondations, des glissements de terrains et des dégâts entraînant la fermeture de plus de la moitié du parc. Nous y allons tout de même sans savoir ce que nous y trouverons.

Sur la route de Grand Teton, les paysages changent, après le désert de la vallée de Salt Lake City, nous évoluons maintenant sur des paysages alpins, entre sommets élevés, forêts de pins et sapins, rivières d’eau fraîche et pure, maisons en rondins de bois. Cette ambiance est tout de suite très apaisante, on s’y sent bien alors que l’on n’est même pas sortie du camion !

Nous trouvons pour la nuit des spots superbes au milieu de rien ou près d’un lac, toujours proches d’une nature intacte. Grand Teton et Yellowstone marquent aussi l’entrée dans le territoire des ours (black bear et grizzly), le genre d’animal que l’on veut absolument voir, le genre d’animal que l’on veut prendre en photo ou filmer…mais sans l’approcher. Les messages de préventions sont plus que nombreux et nous devons nous résoudre à investir $50 dans le spray « repousse ours ». Qu’est-ce que $50 si ça peut nous sauver une vie n’est-ce-pas ?! Les messages du mode d’emploi ne sont pas obligatoirement rassurants mais valent le détour. « Randonnez en faisant du bruit, il ne faut surtout pas surprendre l’ours (une grosse majorité des gens avaient des clochettes accrochées à leur sac de rando). Ne vous retournez pas et ne courez pas (l’ours court bien plus vite que nous). S’il s’approche, faites de grands gestes et beaucoup de bruit (au cas où vous arriveriez à l’impressionner et le faire changer d’avis). Si l’ours s’approche encore et n’est qu’à dix mètres, dégoupillez le spray et vaporisez en vague devant vous. Si l’ours continue d’avancer, mettez-vous à terre, mains derrière la nuque, pour la maintenir, et faites le mort (hyper facile !). Enfin, si rien de ce qui mentionné ci-dessus n’a fonctionné, défendez-vous c’est votre dernière chance de survie !!!!!! »

Malgré tous ces avertissements peu rassurants, nous prévoyons une belle et grosse randonnée pour le lendemain matin.

Mais voilà le soir venant et l’heure de l’apéro étant, nous trouvons notre petite Léonice peu en forme, se plaignant d’un mal de dos. Tout d’abord peu méfiants nous mettons cela sur un mauvais geste, une mauvaise position nocturne, etc…mais elle refuse même une tranche de saucisson (il faut bien prendre en compte que nous avons fait une diète de charcuterie pendant 6 mois et que la tranche de saucisson en question ressemblait plus à une rosette de base sans trop de goût et bien trop de gras, mais au vue du temps passé à en rêver, elle avait un goût délicieux !). La nuit fût quelque peu agitée avec vomis sur vomis (génial en CC !!) et une petite en souffrance.

Le lendemain matin, nous nous dirigeons alors vers les urgences de Jackson Hole. Le verdict tombe quelques heures plus tard : ‘kidney infection’, soit une infection urinaire carabinée. Elle est tellement forte qu’il n’y a pas de douleur au pipi mais directement une douleur très forte dans les reins. Et 300$ plus tard (hé oui, c’est as gratuit le doc aux US!) , antiobiotiques, repos…fini les randos pour Léo pour une petite semaine !

Fanny, Augustin et Milane feront donc la rando le lendemain sans nous. Ils y verront trois ours (distants d’une cinquantaine de mètres) et n’utiliserons donc pas la bombe de survie ! Mais aussi des mooses et seront même attaqués par une chauve-souris.

Les mooses sont des animaux endémiques du continent nord-américain. Ils ressemblent à de très gros élans qui se nourrissent principalement sous l’eau, d’algues de rivières. Ils tiennent ainsi plus d’une minute la tête sous l’eau à machouiller de l’algue.

Pendant ce temps-là nous découvrirons avec Léonice la ville de Jackson Hole, superbe station de vallée, endroit prisé des riches américains, très bobo et très agréable. Un appart de 50m2 vaut 1 million de $, ça vous donne une idée 😉

Sur la route, nous verrons des SponkHorn, des sortes de rennes aux cornes en forme de crochet, et un ours qui traversera la route et piste cyclable en courant !

Le lendemain, Léonice restera avec sa maman tandis que les deux grands m’accompagneront sur une rando entre forêt et clairière.

Nous arrivons à Yellowstone le magique et le mystique le surlendemain.

Quelques infos historiques : Tout d’abord il faut savoir que c’est le plus vieux parc national au monde, créé en 1872, c’est-à-dire il y à 150 ans !! Yellowstone est très grand, c’est la taille de la corse. En 1988, le parc a connu un grand feu où près d’un tiers du parc a été détruit par les flammes. Le feu a commencé au début de l’été et ne s’arrêta qu’à l’automne grâce aux pluies et premières neiges !

Alors que les premières années qui ont suivi, les feux étaient considérés comme le premier risque et plus grand fléau pour le parc, les mentalités ont aujourd’hui évolué. Tout d’abord les feux sont naturels dans ce type d’environnement (le feu de 1988 était dû à des milliers d’éclairs tombés lors de gros orages) et ont toujours fait partie de l’histoire du lieu. De plus, ils ont permis un renouvellement de la forêt et de la faune y vivant. 34 ans plus tard, on voit toujours les stigmates mais la nature a repris le dessus.

Le premier jour à Yellowstone nous permet de découvrir la partie sud est, celle des bassins à geysers.

Pour comprendre un peu les geysers et l’unicité de cet endroit, un peu d’information. Yellowstone et son sous-sol sont un peu comme une bouilloire géante. Dans le sous-sol profond, une rivière de magma a pu remonter les couches et se trouve proche des nappes phréatiques et vient réchauffer des bassins d’eau (abondants dans le parc de Yellowstone) qui se mettent à chauffer et se mettent alors en pression comme une cocotte minute. L’eau chaude finit par jaillir en vapeur d’eau ou en éruption d’eau chaude et l’eau froide présente plus haut descend et vient prendre la place de l’eau chaude évaporée. Le cycle est ainsi continuel, ce qui permet de voir des éruptions plus ou moins rapprochées et plus ou moins importantes. Le sous-sol de Yellowstone est un véritable gruyère où l’eau circule en permanence et en abondance.

Nous randonnerons toute la journée, d’un sentier à l’autre, du geyser emblématique « Old Faithful » où nous verrons l’éruption avec des centaines d’américains, assis sur un banc. Au « Lone Star », après un peu plus d’une heure de rando, qui se finira en courant car nous entendons le début de l’éruption au loin, où nous ne serons que nous et 5 autres personnes à profiter de ce spectacle incroyable. Lors de notre rando de milieu de journée, nous découvrons le non moins incroyable et tout aussi symbolique « Grand Prismatic », étendue d’eau chaude aux multiples couleurs allant du bleu intense à l’orange rougeoyant sur les bords.

Les couleurs dans les lacs geyser sont dues aux micro-organismes vivant dans ces eaux et s’adaptant à ces températures élevées et des forts niveaux d’acidité. Les eaux remontant à la surface se chargent en calcaire dans la couche inférieure et les eaux sont alors chargées en carbonate de calcium qui se refroidiront à la surface, créant des couches de calcium blanc épuré. Cette couche de blanc donne à l’eau cette couleur bleu cristallin qui s’intensifie avec la profondeur. Sur les bords, où l’eau est moins chaude, des micro-organismes appelés « thermophiles » donnent à l’eau cette couleur orangée. Plus leur concentration est importante plus la couleur sera intense.

La minéralisation du sol de Yellowstone par ce dépôt calcaire s’apparente à du corail de surface. Alors que le corail sous-marin ne grandit que d’environ 1mm par an, la calcification de Yellowstone peut atteindre 5mm par an.

Ces paysages lunaires ou plutôt martiens (avec les couleurs) nous laisseront sans voix et nous amèneront à parcourir plus de 25km à pied dans cette belle journée.

Le 3ème jour à Yellowstone sera consacré à l’ascension du Mont Washburn, plus haut sommet du parc. De là-haut, nous avions une vue à 360° sur ce parc incroyable. Nous continuerons ensuite vers le nord est du parc où un autre phénomène géologique unique apparaît, il s’agit des terrasses de Mammoth Hot Spring, résurgences d’eaux chaudes formant des fontaines de calcaire qui pourraient s’apparenter à des fontaines de champagne, déversant d’un contenant à l’autre ces eaux chargées de calcium et créant de nouveaux petits bassins blancs et ainsi de suite. Magnifique !

Enfin, pour conclure le tour du parc, nous aurons une magnifique dernière journée ponctuée dès le matin par la rencontre avec deux wapitis majestueux avec leurs énormes bois. Les wapitis sont des rennes taille américaine. Nous croiserons ce jour-là des dizaines de bisons dont certains pendant nos randonnées, nous forçant à faire des détours importants pour ne pas se retrouver en face d’eux. Le bison peut être très agressif et du haut de ses 750kg (approximatif), on n’a pas envie de jouer 😉

Nous conclurons la journée par une courte balade au-dessus du canyon de Yellowstone, rivière impressionnante de par son débit, se frayant un chemin à travers ce canyon à vif. Un des côtés du canyon offrant un spectacle de pierres jaunes (et oui c’est de là que vient le nom de la rivière et du parc lui-même), couleur due à la forte concentration de sulfite dans la terre, sulfites eux même en nombre très important de par l’activité volcanique sous-jacente.

Pour conclure, on pourra dire que Yellowstone est à la hauteur de sa réputation. Ce parc incroyablement grand, incroyablement beau, incroyablement naturel tout en étant très bien aménagé est l’exemple parfait de ce que l’homme peut faire de bien dans un environnement sain et hostile à la fois.