Nous arrivons à Coban et notre mission du jour est surtout logistique (eau, essence, gaz, etc…) avec l’objectif de se poser au camping le soir et être prêts pour la visite de la plantation de café le lendemain matin.
Une petite anecdote pour commencer… le plein de gaz.
Suivant notre application favorite, IOverLander, nous nous rendons à l’adresse de Tropigas.
Un grand portail fermant l’entrée, je descends du véhicule pour aller discuter avec le gardien qui s’approche les mains bien posées sur son fusil à pompe. D’un ton distant il m’annonce que c’est fermé…bien embêté (car quasiment à sec sur les 2 bouteilles), j’insiste un peu et lui demande où nous pourrions trouver en ville un endroit pour faire le plein de gaz…bref, 2 minutes plus tard, le voilà prenant son téléphone et appelant la direction du site…pour finalement nous ouvrir et nous dire que l’on pouvait y aller…comme quoi il ne faut rien lâcher ! Voilà donc que nous arrivons dans le site et là une petite armée nous attend, tous kalachnikov ou fusil à pompe à la main, nous regardant d’un air suspect. A ce moment-là on ne fait pas trop les malins et on va vite payer ce que l’on nous demande sans rechigner ou négocier.
Une fois tous les réservoirs remplis nous nous rendons à la finca (plantation) de café où nous passerons la nuit, prévoyant la visite pour le lendemain matin.
Rogelio (prononcez rorélio), notre guide de ce jour, nous a offert une visite fantastique.
La finca est une coopérative d’environ 500 familles produisant du café, mais aussi de la cardamome et du curcuma.
Nous nous sommes bien entendu concentrés sur le café, dossier passionnant.
Rogelio est l’un des coopérateurs et aussi le barista spécialiste de la dégustation de café.
Quand nous lui avons dit que nous travaillions dans le vin, tout de suite il est allé beaucoup plus en profondeur sur tous les sujets et la visite qui devait durer 45mn a duré près de 2h !!
Le café n’est pas endémique au continent américain, ses origines viennent à priori d’Ethiopie et son implantation est arrivée avec les Espagnols.
Concrètement, le café peut pousser n’importe où entre les deux tropiques, il a besoin de chaleur bien entendu mais aussi, pour que la plante vive longtemps, elle a besoin d’ombre.
A la finca, ils ont planté des bananiers et des arbres couvrant pour apporter l’ombre nécessaire afin que leurs plants tiennent 25-30 ans.
La récolte de café se fait de décembre à mars, à la main et nécessite environ 10 passages sur chaque plant pour ne récolter que les grains mûrs (et rouges !!).
Il existe plusieurs sortes de café, nous connaissons tous les grandes familles robusta et arabica, mais dans les arabicas il y a des variétés diverses aux qualités tout aussi diverses !
Une des choses que nous avons appris et qui nous marquera le plus est la différence entre les méthodes de production pour l’Europe et les USA qui sont TRÈS différentes des méthodes utilisées pour l’Asie. Concrètement, le café en tant que baie rouge se déguste. Entre la peau et les grains (que nous connaissons) il y a une pulpe qui est très goûteuse !! Le café est un fruit sucré !!
Or, principalement pour des raisons de production (rapidité et rentabilité) les clients européens et américains demandent à ce que les grains de café soient séparés de leur peau et de leur pulpe et lavés avant d’être séchés. Ils appellent ça le café « washed » (nettoyé).
Les asiatiques qui aiment les choses plus douces et aromatiques sont eux des clients de grains dit naturels, c’est-à-dire des grains sur lesquels on a laissé sécher la peau et la pulpe.
La torréfaction se fait toujours dans le pays de consommation.
Pour préparer un café « washed » il faut 10 jours, pour un café naturel il faut 50j de séchage et de préparation et c’est à priori la raison pour laquelle nos pays ne s’intéressent pas à ce café naturel.
A la dégustation, la différence est flagrante, le café naturel est beaucoup plus aromatique, avec des notes de fruits frais, de vanille et de pâtes de fruit avec des acidités plus élevées ce qui le rend très équilibré et vraiment agréable.
Rogelio était un vrai phénomène à la dégustation, il a beaucoup fait rire les enfants.
Il prenait du café dans une petite cuillère et la portait à sa bouche aspirant violemment le café en émettant un gros bruit d’aspiration et surtout en en mettant à côté et sur son polo blanc (devenu larron ensuite) !
Je crois qu’il voulait nous montrer sa technique de dégustation…visite au top et personnes vraiment adorables.
Pour conclure ce moment de découverte, les enfants ont profité d’un beau parcours en tyrolienne au-dessus de la canopée.
12h, après un dej rapide rapide nous voici parti pour Chichicastenango où le jeudi se tient le plus gros marché du Guatemala que nous ne voulons rater pour rien au monde.
Nous n’avions regardé que mapsme (appli de voyage) qui nous annonçait 2h30…lorsque j’ai mis Google Map, nous sommes passés à 5h de route, au final nous avons mis plus de 6h !!
Quelle route !!! Pour ceux qui connaissent, les routes de l’extrême ! Des montagnes à n’en plus finir, on est monté, puis descendu, puis monté, puis descendu, peut-être une dizaine de fois, entre 1500m et 3500m dans l’après-midi. Au bas mot, une centaine de tumulos (dos d’ânes) et des routes qui passaient de l’asphalte parfaite au chemin de cailloux, des virages tellement serrés qu’il fallait s’arrêter pour laisser passer les gros camions, des travaux qui nous mettaient à l’arrêt, des dépassements hasardeux et multiples…bref une vraie expérience cette route, on s’en souviendra !
Une fois arrivé, repos pour attaquer le marché de Chichi le lendemain.
Jeudi matin, Fanny fait une de ces belles rencontres de voyage le matin, au sortir des toilettes, les yeux tout rabougris et la tenue élégante pyjama/chaussettes/tongues !
Une famille d’Israéliens voyageant avec leurs 2 enfants, Emma, 12 ans, et Jonathan, 10 ans.
Nous passerons une partie de la journée et la soirée ensemble.
Chichicastenango est certainement la ville la plus mystique que nous ayons vu au Guatemala. Très pieux, les mayas pratiquent un culte basé sur un savant mélange de religion catholique et de croyances mayas. Le camping où nous sommes restés avait une sorte de mausolée, une butte de terre et de bois dressée où se trouvait trois lieux de prières composés de croix en pierre, de fireplace et d’endroits dédiés pour les bougies. Toute la journée des habitants défilent et viennent prier et réciter des incantations. En visitant les lieux on a trouvé des œufs cramés dans le feu, des sels de couleurs jetés au sol et différents artifices d’incantations.
Lors de la visite du marché, vous êtes tout d’abord impressionné par toutes ses couleurs, les femmes et leurs robes traditionnelles, les fruits exotiques, les épices, les tissus, les objets, la vaisselle, tout est fait de couleurs vives et resplendissantes. Des milliers de marchands, un véritable dédale où il est très facile de se perdre, des odeurs de plats cuisinés, d’encens et de bougies… Une fois arrivé devant l’église St Thomas, on est subjugué par l’ambiance…des feux sur les marches, des hommes qui prient en secouant de l’encens, des femmes vendant des fleurs, des bougies allumées à même les marches…et quelques touristes au milieu de tout ça. Lorsque l’on rentre dans l’église (interdit au short et jupes), à nouveau cette ambiance mystique avec dans l’allée centrale des zones de bougies à même le sol, des sels colorés comme l’on trouvait sur le mausolée du camping, des pétales de fleur…et sur chaque côté, dans chaque sacristie, des gens en prière, des personnes à genou refaisant le chemin de croix, le tout dans une ambiance d’encens toujours très présent.
Il est demandé de ne pas prendre de photos mais nous avons réussi à voler quelques clichés.
Le soir nous avons partagé un super BBQ avec nos nouveaux amis tandis que nos enfants s’amusaient en faisant un paintball laser.
Coban et Chichicastenango furent deux belles étapes dans un pays que nous adorons d’ores et déjà !
Certaines routes me rappellent la « route de la mort » sur laquelle j’ai eu l’occasion de circuler en Bolivie….. heureusement je n’avais pas à conduire !! Donc bravo au chauffeur, ce n’est pas évident.