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Voici là notre dernière étape mexicaine avant de s’attaquer au grand ouest américain.

Nous profitons sur le trajet pour nous arrêter faire une dernière vidange et révision à Matzatlan, ville balnéaire sur la côte Pacifique.

Vidange faite, le check up du véhicule démarre…verdict, les patins de freins avant sont « cramés » et doivent absolument être changés.

3h d’attente et tous les fournisseurs de freins contactés n’aboutissent à rien et nous repartirons donc avec ses freins fatigués en roulant avec prudence.

Notre objectif du jour est El Fuerte où nous devons prendre le train « El Chepe Express » qui va nous amener au travers des canyons du cuivre, zone montagneuse reculée et préservée.

En arrivant à el Fuerte, alors que Fanny conduisait et que nous roulions toutes fenêtres ouvertes (43°C à l’ombre), un bruit de frottement constant se faisait entendre au niveau du pneu checké la veille. Par acquis de conscience, nous décidons de refaire vérifier tout ça.

L’analyse est la même et la recherche tout aussi peu fructueuse. Ce modèle de plaquette n’existe pas au Mexique, il semblerait que le modèle Ducato ne soit arrivé qu’en 2008 alors que le nôtre est bien sûr un 2006 !

Mais notre jeune garagiste a des ressources et me propose de lui laisser le véhicule le temps de notre séjour dans les Barrancas pour trouver une solution à notre problème.

Son idée : faire faire des freins sur mesure dans la ville la plus proche et les adapter à notre modèle de plaquette. Chose dite chose faite…nous rentrons le dimanche et récupérons notre véhicule avec des plaquettes maisons toutes neuves !

C’est ce que l’on appelle le système D et nous avons vu cela de partout au cours du voyage. Quand on a peu, on est inventif et on se débrouille avec beaucoup d’imagination et un peu de technique. C’est la leçon du jour pour nos enfants et nous-mêmes.

Parlons Barrancas maintenant…

Nous prenons le train vendredi matin pour un trajet de 7h qui nous mènera à Creel, village perché à 2300m (nous partons de 90m d’altitude) avec donc un trajet vertigineux, en montée quasi constante.

Ce train s’appelle le Chepe Express mais notre vitesse moyenne doit être de moins de 40Kmh (trajet = 280km / 7h)

Ce train construit dans les années 70 n’a quasiment pas servi mais s’est reconverti dans les années 2000 en train touristique faisant découvrir les merveilles des Barrancas del Cobre. La locomotive est une veille loco diesel crachant une fumée noire épaisse et odorante (notre empreinte carbone n’est pas top lors de ce séjour). Entre chaque wagon dans le sas, les portes de sorties latérales sont en deux parties et permettent à la partie supérieure d’être ouverte et donc offre aux voyageurs la possibilité de flâner, regardant les paysages défiler, de prendre des photos et des vidéos permettant d’immortaliser ce voyage au long-cour.

Après une période de plaine, la montée démarre peut-être une heure plus tard et répond à nos attentes ! La locomotive pousse fort mais n’avance guère, les virages à 180° s’enchaînent dans des tunnels à n’en plus finir (86 au total sur le trajet). Les ponts passant les vallées sont les moments les plus impressionnants. Perchés parfois à plus de 100m du sol, la lourde et longue locomotive paraît pataude sur ces ponts tressés de métal et soutenant les tonnes de ce véhicule qui n’en finit plus.

Une heure avant l’arrivée à Creel nous atteignons le plateau de la chaîne montagneuse et commencent à apparaitre dans les gares et sur les bords des rails les indigènes locaux, les marithauni. Ils sont une des rares tribus s’habillant encore traditionnellement avec des robes très colorées pour les femmes. Les hommes aussi (beaucoup plus rarement…voir très rarement…en fait je n’en ai vu qu’un en 48h) peuvent s’habiller traditionnellement. Là on découvre Tao dans les Cités d’Or. Coupe au bol, peau tannée par le soleil, physique tout fin et élancé. Cette tribu est connue pour être des grands coureurs très endurants. Il existe même un double marathon (82km) dans la région en leur honneur. T bien sûr, ils courent en sandales !

Creel, où nous resterons 2 nuits et un jour, est un village de montagne, une ambiance un peu station de ski. Il neige ici l’hiver, c’est surprenant mais vrai et les photos de la station et de la région sous la neige sont magnifiques. Creel est aussi connue pour ses vallées…la vallée des grenouilles, la vallée des champignons et la vallée des moines.

Ces vallées regorgent de formations rocheuses aux formes inspirantes.

Nous ferons sur place une balade à cheval de plus de 3h avec Joselo, ancien cowboy (vacher) reconverti en animateur touristique à cheval. Joselo est un peu rustre (en bon cowboy il ne devait parler qu’aux vaches) mais tout de même fort sympathique. Il nous balade toute la matinée à travers les plateaux, les forêts éparses et les zones de maquis.

Le plateau de Creel est une zone très sèche la majeure partie de l’année, connaissant une saison humide l’été (pluie le soir et la nuit en général) et un hiver neigeux. Augustin et Milane avaient leur propre cheval et c’était la première fois pour eux. Léo s’est trouvé assise avec moi (la pauvre, mon expérience à cheval se résume à deux sorties en 42 ans ! et une confiance très faible dans cet animal somme toute fort sympathique mais tellement imprévisible). Cette sortie se révèlera être une vraie expérience positive pour tout le monde, on s’est régalé. On avait mal aux articulations (on marchait comme des cow-boys après avec les jambes arquées) et les muscles des cuisses étaient malgré tout endoloris, certainement plus par la crispation que par l’effort.

La sortie était top !

Après une petite bière et une micro sieste, nous relançons la famille pour une activité rando pour découvrir les coins que nous n’avions pas vu et aller à la rencontre des indigènes.

17km à travers les vallées, à la rencontre des formations rocheuses, à crapahuter dans le maquis. Pour motiver la petite troupe, il a fallu bien sûr user de subterfuges et la soirée cinéma / pizza dans la chambre d’hôtel pour nos trois monstres a été un argument de poids !

Voilà, à l’heure où je vous écris nous sommes sur le retour, rentrant dans notre premier tunnel et apercevant nos premières vallées.

Cette dernière étape mexicaine aura été une vraie belle étape, dépaysante et riche en beauté naturelle et rencontres impactantes.

Une fois notre camping-car récupéré avec ses freins tout neufs, nous choisissons de passer le reste de la journée à nous baigner au spot de la rivière que nous avions découvert 4j plus tôt.

Nous nous installons cette fois-ci sur le « parking » d’en face qui n’était pas ouvert la fois d’avant. Il s’agit d’un terrain privé en bord de rivière où les familles viennent passer leur dimanche à manger, boire et se baigner.

Alors que nous pataugions avec les enfants, un mexicain s’approche, deux bières à la main…je sors pour aller à sa rencontre et découvre Polencho, un mexicain d’une soixantaine d’années à qui j’avais parlé 5mn lorsque j’étais au garage. Il avait été très gentil et m’avait proposé de venir avec le CC sur son ranch. Il se trouve être un ami de la famille qui possède le terrain sur lequel nous nous sommes installés et lorsqu’il est arrivé pour se joindre à leur petite fête dominicale, il a reconnu le CC et était ravi de nous retrouver.

Il était super content de nous revoir, nous a offert des bières, nous a présenté à tout le monde comme les cousins de France 😉

Après une belle conversation, il nous propose de venir le lendemain matin pour nous présenter sa ferme et nous offrir un petit dej traditionnel. Chose dite chose faite, le lendemain nous nous dirigeons donc vers Polencho…15km de pistes au milieu d’un maquis sec et poussiéreux…une vraie expérience !

Polencho a été incroyable, ils venaient de finir la traite du matin (50 vaches), un de ses employés faisait chauffer le petit lait au feu de bois pour faire du fromage, et Polencho nous a préparé un véritable festin…tortilla traditionnelle, fritons de porc chaud (chicharon), fromage du jour (panela), viande séchée effilochée (MasChaca), gâteau de maïs (tamales) et miel sauvage fraîchement prélevé (c’était en fait directement les nids d’abeilles prélevés dans la nature). Tout ça bien entendu accompagné de lait fraîchement prélevé.

Polencho est un agriculteur, il parle « paysan » ce qui n’est pas toujours simple à comprendre, mais c’est surtout un homme avec le cœur sur la main qui était ravi de nous avoir, de nous offrir tout ce qu’il avait et fier de nous montrer sa ferme, ses bêtes, sa vie.

Ce fut une vraie belle rencontre qui nous laissera un souvenir impérissable, symbole de notre découverte du Mexique qui est sans aucun doute un pays extraordinaire.

Voilà encore quelques centaines de kilomètres et à nous les USA.

Une page se tourne ! Nous savons que les USA seront magnifiques, avec des parcs et une nature extraordinaire et que nous allons continuer de nous en mettre plein les yeux.

Néanmoins, cela veut dire aussi que c’est fini l’Amérique Latine, les pays pauvres mais tellement riches humainement et culturellement, fini d’être regardé comme des « extra-terrestres », regard parfois dérangeant mais nous ouvrant tellement de portes et de sourires et signes de la main.

Nous repartons dans une société individuelle dans laquelle nous allons nous noyer comme nous le sommes dans notre quotidien.

Augustin ne sera plus la coqueluche des dames et des jeunes filles (tout le monde le regardait avec des yeux tellement plein de curiosité et d’admiration…)

Au fond, cela va peut-être nous faire une bonne transition pour un retour plus en douceur.

A suivre.